El Ministerio de Salud y la Protección Social certifica a DIAGNÓSTICO E IMÁGENES DEL VALLE IPS S.A.S. Se encuentra habilitada para prestar los servicios de salud.
Adoptado mediante circular 0076 de 02 de Noviembre de 2007

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Claire Marin : «Nous sommes dans le deni une souffrance qu’une rupture provoque»

Suites menageres»

C’est au moment oi? la nuit se dissipe doucement, au creux de l’instant doux et cotonneux. C’est votre bras qui s’etend a toutes les premieres lueurs du jour, une main ayant besoin d’ sous les couvertures. Et qui ne trouve rien. Notre philosophe Claire Marin consacre 1 essai aux etres rompus. A ceux dont les petits matins arrivent comme un mauvais reve, nimbe d’une lumiere vraiment trop crue, presque acide, qui degouline dans un lit, eclaire 1 berceau, un regard, 1 ventre, votre pays. L’ensemble de, vides. Ou alors, peuples d’inconnus. Splendeur matinale une vacuite. J’ai rupture recommence sans cesse, litanie des matins, de ceux qui suivent le commencement de l’amour, des bambins, les matins suivant ma fond, l’exil, la maladie, l’accident, la perte de travail…

Dans une societe qui valorise le temps determinee, l’adaptabilite, la flexibilite, on va pouvoir plier mais on ne rompt nullement. Ou alors, la rupture reste tue, la authentique, la rupture existentielle. Celle dont parle la philosophe Claire Marin : un «cataclysme interieur», un point de non-retour, qui modifie en profondeur le sujet, claque vaciller, le reconfigure. Elle pourrait etre niee, ou aussi maquillee de consentement mutuel pour devenir rupture conventionnelle, reduite a n’etre plus qu’une bifurcation dans un parcours, 1 rebond. Elle devient acceptable socialement, banale, statistique. Pire encore, elle nous rendrait plus vraiment ! Et c’est la que le livre Rupture(s) (Editions de l’Observatoire) de Claire Marin fait du beaucoup. D’abord, elle ose dire que cela fait mal. Vraiment mal. Elle laisse une place a J’ai violence du manque, a une telle mecanique implacable, qui dit en creux combien le sujet se construit dans la relation, dans l’echange, dans l’amour. Et aussi une rupture voulue est rarement indolore. Puis cette dernii?re previent d’emblee, «je resisterai […] a Notre tentation de l’optimisme», «la rupture n’est quelquefois qu’un gachis, un tracas de courage, une pure lachete, un renoncement». Et tant qu’a Realiser, explique-t-elle, l’histoire begaie, nos felures perso, infantiles se reouvrent, les echecs se repetent, les ruptures viennent en cascade. Non, «parfois, nous n’apprenons rien tout d’un echec». Quant a savoir De quelle fai§on s’en aller, la encore, elle ecrit : «Il n’est pas assure que ce soit toujours possible. On meurt i  nouveau d’amour.» Pourquoi nous menager, apres tout ? La philosophe, qui s’est interessee a Notre rupture a J’ai suite des chantiers sur la maladie et le deuil, reperant identiques effets devastateurs sur ce thi?me, decortique l’effondrement, le saccage, la devastation de l’univers des «etres brises» et «defigures» par la rupture, la «destruction en regle de l’ego», terrasse, voue a une existence fantomatique. Elle s’arrete via la sensation : celle d’un arrachement. La rupture reste ce dechirement d’une chair, votre c?ur qui se sert, votre gorge qui se noue, votre etreinte d’la nausee. Elle analyse votre haut-le-c?ur que service la vue du familier qui se teinte d’etrangete, quand l’etre adore s’evanouit, deserte l’intime, avant d’etre veritablement 1 inconnu. Faire le deuil de quelqu’un qui pourtant ne meurt pas, de quelqu’un qui s’est simplement depris, detourne, ou de l’etre adore qui est la, bien vivant, mais que la maladie d’Alzheimer a tel efface. Ou bien, repasser dans le pays qu’on a fui, et s’y sentir etranger, etre voue a n’etre chez soi nulle part. Voila, l’alterite s’immisce, parfois sans fracas, puis grossit, s’installe. A la fin, bien est meconnaissable. Rien n’a change, et pourtant, tout a change. Notre vie interrompue reprend, ou feint de reprendre, hantee, truffee des signaux de l’absence. Ce petit balcon, ces rochers, ces chansons existent forcement, presque indemnes, presque intactes, pourtant sa philosophe decrit combien toutes ces trucs autrefois cheries, deviennent lacerations. «Il ne suffira pas de partir d’un lieu Afin de qu’il cesse de nous habiter. Cela ne suffira aucune quitter un homme Afin de oublier sa peau.» Alors pourquoi rompt-on ? Pour fuir une famille oppressante, Afin de se sauver, pour ne plus etouffer, Afin de se sentir vivant, libre de ses choix… «On tue dans le tissu d’une life commune ou les identites des uns et des autres se sont si etroitement melees que plus personne ne sait vraiment ou il commence et ou l’autre s’arrete. Mais celui qui veut rompre croit le savoir.» Autrement evoque, on rompt concernant etre vraiment soi-meme, coincider avec ce que l’on reste, ou crois etre. Dans l’hypothese ou votre «soi» existe, constant, immuable. Pari risque. A l’inverse, on peut rompre Afin de i?tre nouvelle, pour delaisser une propre identite devenue decevante ; on rompt concernant se fuir soi-meme.

Est-on aujourd’hui dans une societe une rupture ?

Les ruptures seront maintenant sur l’ensemble des plans : avant, si on perdait son boulot, on pouvait se raccrocher a sa famille. C’est comme si bien est devenu instable, incertain, precaire, sans refuge. Professionnellement, amoureusement, aussi politiquement… Tout s’est accelere, des relations seront plus ephemeres, des ruptures plus rapides, voire, parfois, elles n’existent gui?re : la personne disparait simplement.

Vous parlez du phenomene «ghosting», «un nouveau nom Afin de une vieille lachete», ecrivez-vous…

Prendre le temps une separation n’est parfois meme plus une realite. Et l’ensemble de ces termes autour des separations par consentement sont dans la negation une realite. Une grande majorite de separations seront au minimum d’une grosse violence psychique, bien Afin de un des deux membres de l’ancien couple. Puis on sent une sorte de froideur dans la societe. C’est devenu tellement generalise, banal, qu’on est dans le deni en souffrance qu’une rupture provoque. Ainsi, au sein des divorces, la souffrance des enfants reste une question vite evacuee desormais, on dit qu’ils s’adaptent… Et on se concentre dans des questions confortables.